Le Centre national d’étude des systèmes scolaires (Cnesco) analyse et accompagne des politiques et pratiques éducatives.
Fiche thématique
Document de synthèse complet
Résumé des recommandations du jury
Les recommandations générales
R1 – Il est important de prendre en compte et de poursuivre l’application des recommandations de la conférence de consensus de 2003.
R2 – L’objectif de l’apprentissage de la lecture est l’acquisition de la « littératie » pour tous et la prévention des situations d’illettrisme au sortir de la scolarité obligatoire.
R3 – Dès l’école maternelle l’apprentissage de la lecture doit être préparé ou amorcé dans ses différentes dimensions : identification des mots, compréhension, utilité de l’écrit, plaisir de lire.
R4 – La formation d’un lecteur habile et autonome suppose un apprentissage continu de l’école maternelle jusqu’à la fin de la scolarité, sans ruptures inter-cycles.
R5 – Il faut parallèlement enseigner explicitement les mécanismes et les stratégies de lecture, et susciter une répétition la plus importante possible de l’activité lecture, répétition qui suppose de développer une appétence pour la lecture chez l’élève.
R6 – Les supports et types de tâches autour de l’écrit doivent être choisis en fonction de l’objectif poursuivi.
R7 – Afin de compenser les inégalités socio-économiques, il faut impliquer, soutenir et accompagner les parents pour favoriser une interaction autour de l’écrit dans le milieu de vie des enfants.
R8 – Un temps de formation conséquent sur comment les élèves apprennent à lire devrait être délivré en formation continue et à tous les étudiants en master dans le cadre de la formation initiale 1er et 2nd degré des ÉSPÉ.
Recommandations relatives à la maîtrise du code et à l’identification des mots
R9 : Dès la grande section de l’école maternelle il faut enseigner aux élèves le principe alphabétique et leur faire acquérir la capacité d’analyser les mots oraux pour en identifier les composants phonologiques : les syllabes puis les phonèmes.
R10 : En CP, les exercices de prise de conscience des phonèmes doivent être couplés avec des exercices d’appariement de l’écriture et de la prononciation des mots.
R11 : L’étude des correspondances graphèmes/phonèmes doit commencer dès le début du CP. Lors des deux premiers mois, il est nécessaire qu’un nombre suffisant de correspondances (de l’ordre d’une douzaine ou d’une quinzaine) ait été étudié afin de permettre aux élèves de décoder des mots de façon autonome.
R12 : Dès le début de l’apprentissage des correspondances graphèmes/phonèmes, il est important d’assurer la reconnaissance d’un certain nombre de voyelles afin de permettre l’identification et la prononciation des syllabes.
R13 : Il faut rapidement proposer aux élèves, particulièrement aux plus faibles, des textes dont au moins la moitié des graphèmes sont déchiffrables.
R14 : Dès le CP il faut faire régulièrement des exercices d’écriture (sous dictée – en particulier pour les élèves les plus faibles – et/ou au choix de l’élève) parallèlement à ceux en lecture.
R15 : Dès le CP il faut régulièrement faire lire les élèves à haute voix.
R16 : L’analyse phonologique et l’étude des correspondances graphèmes/phonèmes doivent se poursuivre tant que l’élève éprouve des difficultés à oraliser les mots écrits, ceci tout au long du cycle 2, voire du cycle 3.
Recommandations relatives au développement de la compréhension
R17 : Le vocabulaire et la compréhension orale doivent être développés dès l’école maternelle.
R18 : Les enfants doivent apprendre à maîtriser le vocabulaire désignant les états mentaux (savoir,
croire, vouloir, penser, etc.) et à différencier son propre point de vue de celui d’autrui.
R19 : Dès l’école maternelle, il est important de consacrer un temps conséquent à l’étude de la langue, cette amorce doit être prolongée tout au long de la scolarité obligatoire par un travail systématique sur la dimension linguistique (vocabulaire, morphologie, syntaxe, inférences, type de texte) des textes étudiés.
R20 : Au-delà du travail sur la dimension linguistique, l’enseignant doit conduire les élèves à prendre en compte l’ancrage dans l’univers culturel du texte (souvent éloigné du quotidien des élèves)
R21 : Il faut enseigner aux élèves à comprendre les textes lus à haute voix par l’adulte (dès l’école maternelle, en CP puis tout au long du cursus de l’école élémentaire, voire au-delà).
R22 : Un enseignement structuré, systématique et explicite de la compréhension est nécessaire pour tous les élèves et doit être prolongé aussi longtemps que nécessaire pour les élèves moyens ou faibles afin d’en faire des lecteurs autonomes.
20 R23 : Le temps alloué à l’enseignement de la compréhension doit aller crescendo au cours du CP, il doit être prévu dès le début de l’année et donc ne pas attendre que les élèves maîtrisent le code.
R24 : Le travail sur la compréhension des textes ne doit pas se limiter à l’utilisation de questionnaires, d’autres tâches comme le rappel, la paraphrase, la reformulation ou les résumés (oraux et écrits) doivent être utilisées.
Recommandations concernant « l’entrée en littérature »
R25 : Il faut enseigner à l’élève à identifier les types de textes (poème, roman, texte documentaire, etc.).
R26 : Sans remettre en cause l’importance de l’étude de la littérature, les enseignants doivent reconnaître et prendre en compte les pratiques de lecture non scolaires des élèves et les inciter à réfléchir ces pratiques.22
R27 : La classe de lecture et de littérature doit être un espace de partage et de construction
commune.
R28 : Dans la classe, la lecture doit s’articuler avec l’écriture, l’écoute et la parole.
Recommandations concernant la lecture pour apprendre
R29 : L’utilisation de l’écrit dans tous les domaines disciplinaires impose que soient enseignées la lecture et la production de textes informatifs (textes de savoir).
R30 : La lecture d’ensembles composites de textes documentaires doit être amorcée dès l’école maternelle.
R31 : Il faut confronter les élèves à des textes longs pour les inciter à réfléchir à la façon dont ces textes sont organisés et à ne pas s’en tenir au simple repérage d’informations.
R32 : En amont de la lecture, il est nécessaire de clarifier avec les élèves le statut des documents et leur rôle pour la tâche projetée et de définir préalablement ce qui est à chercher.
R33 : Il est essentiel d’enseigner, d’une part, comment discriminer les informations utiles et celles qui ne sont pas pertinentes, d’autre part, l’importance de différencier le fait de comprendre une information et celui de l’accepter comme vraie.
R34 : Il est nécessaire que l’enseignement mette en place et développe chez les élèves les compétences de planification, de contrôle et de régulation impliquées dans l’acte de lire.
R35 : Il faut faire écrire les élèves à propos des textes lus, exercer leurs capacités de reformulation sous forme d’écrit de travail, de prises de note et/ou de schématisation.
R36 : Dans l’analyse des textes documentaires, il faut adopter régulièrement une forme collaborative de travail entre l’enseignant et les élèves et entre les élèves.
R37 : Un temps d’apprentissage spécifique doit être consacré à la lecture des textes dans chaque discipline (au collège, par l’enseignant de la discipline).
R38 : Il est nécessaire de développer les collaborations entre les enseignants des différentes disciplines et le professeur documentaliste.
R39 : Chaque discipline a vocation à participer à des projets interdisciplinaires.
Recommandations concernant la lecture à l’heure du numérique
R40 : Quand on veut travailler la lecture sur support numérique, il est essentiel de distinguer le numérique dédié, qui concerne des outils conçus pour l’enseignement, et le numérique non dédié qui renvoie à l’environnement numérique présent dans l’enseignement comme dans l’ensemble de la société.
R41 : Il est essentiel de vérifier si les logiciels d’aide à l’apprentissage ont bien été validés suite à une évaluation scientifique rigoureuse.
R42 : L’introduction de nouveaux outils pédagogiques, notamment numériques, dans les classes suppose que les enseignants soient formés à leur utilisation, que ces outils s’articulent avec ceux déjà utilisés, qu’ils soient compatibles avec l’organisation spatiale, temporelle et matérielle de la classe, et qu’ils correspondent à un besoin ou un projet des enseignants.
R43 : Pour apprendre à utiliser des documents multimédias, il est essentiel d’assurer non seulement la maîtrise de la lecture au sens classique (décodage et compréhension) mais aussi le développement d’habilités plus complexes qui caractérisent la lecture en environnement numérique.
R44 : Pour être pédagogiquement efficaces les ressources pédagogiques numériques doivent respecter un certain nombre de règles.
Recommandations concernant la prise en compte de la diversité des élèves
R45 : Il est nécessaire au sein d’une classe par nature hétérogène de permettre aux élèves les
moins avancés de comprendre les textes étudiés et à tous et à chacun d’améliorer sa
compréhension.
R46 : L’accès aux compétences de lecture et de compréhension, nécessaires pour l’accès à
l’autonomie, est un objectif prioritaire, y compris pour les élèves potentiellement les plus fragiles.
R47 : Il est nécessaire d’identifier les principaux obstacles rencontrés dans l’apprentissage de la lecture pour ensuite proposer des démarches et des outils adaptés, notamment pour les élèves présentant des troubles spécifiques des apprentissages (troubles dys.)