Pierre Vermersh
L’entretien d’explicitation est une technique d’aide à la verbalisation, mise au point par Pierre Vermersch, chercheur CNRS au laboratoire d’ergonomie cognitive et physiologique de Paris. Cet outil permet d’obtenir des éclaircissements sur la manière dont un élève/étudiant a réalisé une tâche.
Les points clés de l’entretien d’explicitation
- faire référence à l’action
- mobiliser la mémoire d’évocation
- questionner sur le caractère pré réfléchi de l’action pour extraire l’implicite
- accompagner la prise de conscience du processus de l’action et non des contenus et par conséquent des compétences mis en œuvre
L’entretien d’explicitation au service de la démarche d’accompagnement des personnels
Intervention de Denis Loizon, Maître de conférence STAPS, université de Bourgogne.
Conférence donnée à un public d’IEN en 2019.
L’orateur observe 3 types d’enseignants : animer, enseigner, faire apprendre.
Devis Loizon commence sa conférence en évoquant la théorie du kaizen. On ne peut pas créer du développement professionnel si on est éloigné de la zone de développement du stagiaire. Les petits pas sont préférables à une annonce de transformation radicale qui risque de bloquer le stagiaire.
1) Origine de l’entretien d’explicitation
Pierre Vermersch a mis au point cette notion pour étudier la cognition. Il cherche à accéder à l’intimité de la cognition par la verbalisation d’idées. Il s’agit d’aider à conscientiser l’action vécue. L’action c’est la partie observable de l’activité. Le savoir préréfléchi peut émergé grâce à une démarche réflexive.
2) Explicitation et explication
Expliquer c’est justifier l’action à postériori. Le danger est d’arriver à ce que l’institution veut entendre. Expliciter c’est mettre en mots l’action et de modéliser la subjectivité.
3) L’évocation
C’est un procédé par lequel on permet au sujet de revenir dans le passé. Un temps de silence peut être nécessaire. La part réfléchie de l’action est mise en lumière.
Les critères de réussite :
– Le sujet quitte le regard, ses yeux partent vers le haut pour se remémorer son action.
– Il fait des gestes pour réincorporer la situation.
– Il parle au présent.
4) Le contrat de communication
Il s’agir de témoigner se ses compétences relationnelles. L’orateur détaille différents types de questions.
– Contrat général : « de quoi voudrais-tu me parler? Qu’est-ce qui te paraît important ? »
– Contrat initial de démarrage : « Peux-tu me rappeler la chronologie de ce que tu as fait? »
– Contrat avant observation: « y aurait-il un point que tu souhaiterais que je regarde ? »
4) Le questionnement
Ce sont les technique pour accéder à l’action vécue.
– Pas de « pourquoi … ? ». le questionnement n’est pas agressive.
– Pas de question fermée.
– Uniquement des questions ouvertes qui permettent au sujet de décrire son action.
– Centration sur le procédural : « comment ».
5) Le procédural
Questionner en priorité sur le procédural : Comment vous faites pour? Qu’est-ce que tu t’es dit ? Questionner la prise de décision permet de déplier l’action. Si le questionnement fait émerger un observation qui conduit à une auto-prescription, c’est gagné.
6) Les satellites de l’action
. les buts de l’action : « j’ai fait cela pour »
. le contexte (établissement, classe, élève …)
. les commentaires et jugement sur l’action
. les références mobilisées : savoirs pratiques, références théoriques (rares, les enseignants lisent peu)
Conclusion
- L’explicitation permet de passer du vécu à l’expérience.
- Travailler sur l’expérience incorporée.
- Prendre en compte la subjectivité de la personne dans son rapport au monde, aux autre, à l’aitre, à soi. L’entretien permet de donner une place importante au collègue en l’écoutant.